ROEHRIG Xavier * (Sosa 32,48) 
|-----ROEHRIG Georges (Sosa 130,194)
|-----ROEHRIG Barbe (Sosa 65,97)
|-----GEORGER Barbe ou JOERGER (Sosa 131,195)
| Sexe : Masculin
Naissance : 28 octobre 1837 à SALMBACH, Bas-Rhin,Alsace,FRANCE
(Témoin) BAYER George Michel *
Journalier puis barbier à partir de 1867 à Roeschwoog où la famille réside au 11, Rue (actuelle) du Château d'eau puis cultivateur en Algérie, à Mercier-Lacombe (dépt d'Oran) à partir de 1874.
En 1885 il réside à Castiglione dans le dépt d'Alger où il exercerait le métier de perruquier comme il est dit dans l'acte de décès de sa fille Emalia.
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Xavier Roehrig est né le 28 octobre 1837 en Alsace à SALMBACH (Bas-Rhin).
En 1857 il est recensé par les autorités militaires, au tirage au sort il obtient le n° 56 mais n'est pas affecté. Journalier, il semble avoir quitté son village natal avec sa mère Barbe pour s'établir à quelques kilomètres de là à ROESCHWOOG (Bas-Rhin).
Incorporé à compter du 20 juillet 1859 comme remplaçant par voie administrative pour 7 ans au 20ème Régiment de Ligne, 2ème bataillon.
Arrive à Lons-le Saunier le 12 août 1859.
En août 1860 son Régiment stationne au Camp de Chalons.
- 4 octobre 1860 : levée du camp, direction Reims, Rethel, Poix, Mézières, Rocroy, Furnay et Givet.
Le 2ème bataillon et l' Etat Major arrivent le 12 octobre 1860 à Givet.
Les 14 et 15 mai 1862, le 2ème bataillon part occuper les garnisons de Reims et de Soissons pendant la durée du Camp de Chalons.
Arrivée à Soissons le 20 mai 1862.
Arrivée à Reims le 21 mai 1862.
Les 4, 6 et 9 septembre 1862 arrivent les ordres de changement de garnison.
Le 2ème bataillon se met en mouvement le 4 septembre 1862, arrive à Troyes le 9 septembre 1862 et se dirige vers Lyon en passant par Bar-sur-Seine, Châtillon-sur-Seine, Baigneux-les-Juifs, Dijon, Beaune, Chalon-sur-Saône, Tournus, Mâcon et Villefranche-sur-Saône.
Arrivée à Lyon le 23 septembre 1862.
Le 16 décembre 1862 toute la division se rend au camp de Sathonay (entraînement et opérations diverses).
Nommé voltigeur le 21 mai 1864, Compagnie M, Escadron Y.
- 25 mai 1864
Par ordre ministériel la troupe est mise en état d'alerte à cause d'évènements en Algérie et attend l'ordre de départ.
- 4 juin 1864
Ordre de départ le 6 juin à 11 heures du matin pour Toulon, par voie ferrée.
- 6 juin 1864 à 10 heures du matin
Rendez-vous à la gare de Perrache à Lyon.
A 11 heures, départ du 2ème bataillon.
A 11 h 20, départ de l' Etat Major, des Sapeurs, de la Musique et du 3ème bataillon.
- 7 juin 1864
Arrivée à Toulon à 2 heures du matin.
Les bataillons se rendent sur le port où l' Etat Major (Colonel Ferradou et Lieutenant-Colonel Ameller) et le 2ème bataillon embarquent sur la Frégate à vapeur " l' Eldorado".
Le reste de la troupe embarque sur la Frégate à vapeur " le Cacique".
- 8 juin 1864 à 3 heures du matin
Les navires lèvent l'ancre et mettent le cap sur Alger. L'état physique et le moral de la troupe est parfait.
- 10 juin 1864
L' Eldorado et le Cacique entrent dans le port d'Alger entre 9 h 1/2 et 10 h 1/2 à 3/4 d'heure de distance l'un de l'autre.
Là, le Commandant de bord apprend au Colonel Ferradou que la destination du régiment est modifiée pour se rendre à Stora.
Une légère avarie survenue à la machine de l' Eldorado retarde le départ. Les navires ne lèveront l'ancre qu'à 5 h 3/4 du soir.
- 11 juin 1864
Arrivée à STORA.
Les régiments campent à Philippeville sur le marché, hors des portes de la ville jusqu'au 13 juin.
- 14 juin 1864
Départ pour CONSTANTINE. Le trajet s'effectue en 5 jours.
Le régiment s'installe sur le plateau de Mansourah. Les chaleurs sont très fortes.
- 6 juillet 1864
Départ précipité mais en bon ordre pour El-Milia pour faire face à des émeutes et puis effectuer diverses opérations.
Libéré le 20 juillet 1866.
Note:
Ont servi dans la même arme: BURCKARD Vendelin (Mat 10120), HEMMERLE Vendelin (Mat 10121) de Schleithal, KEHRES Joseph (Mat 10322) de Roeschwoog ainsi que LOEHR Jacques de Schleithal (Mat 10118), BAUMANN Chrétien (Mat 1122) et RAUCH Philippe (Mat 1124) de Salmbach qui eux, sont partis avec Xavier en Algérie.
1866-1874
Xavier est retourné en Alsace.
Le 18 février 1867 il se marie à Roeschwoog avec Catherine dite Caroline Stoll. Il a 29 ans et elle 22 ans. Elle est la fille d' Alexandre Stoll né à Roeschwoog et de Catherine Bisack née à Rountzenheim.
Leur premier enfant Alphonse naît le 31 août 1867. En 1868 et 1870 Barbe et Caroline agrandissent la famille mais disparaissent en bas âge. En 1871 naît un deuxième garçon, Xavier (mon grand-père).
En 1874, à 37 ans, Xavier, perruquier dentiste de profession, sa femme, ses deux enfants Alphonse et Xavier et sa mère Barbe quittent Roeschwoog et émigrent en Algérie.
Le 26 octobre 1874 ils débarquent à ORAN.
La famille déclare posséder 800 francs en espèces et du matériel de culture.
Par message télégraphique, le Préfet d'Oran avertit Monsieur le Commissaire Civil de SIDI-bel-ABBES.
"Une famille Alsacienne partira demain pour SFIZEF (Mercier-Lacombe) avec tout son matériel.
Leur attribuer provisoirement un lot de culture, un lot de jardin et un lot de vigne.
Mettre à leur disposition deux tentes en attendant que leur maison leur soit livrée ".
Le même jour Monsieur BOULANGER s'engage à transporter le quintal métrique de colis appartenant au Sieur Roehrig.
Par message télégraphique du même jour, Monsieur le Commissaire Civil de Sidi-bel-Abbès informe le Préfet d'Oran que les travaux de lotissement ne sont pas terminés.
La famille lui demande des secours en urgence.
En avril 1875, il leur est attribué par bail de trois ans, un lot à bâtir de 800 ares, un lot de vigne de 2 ha 30 ca dont un tiers en culture, un lot de jardin de 16 a 80 ca (bonne terre, figuiers, irrigable) et un lot de culture de 26 ha 77 a.
Le bail écoulé, un titre de propriété définitif doit être délivré.
Le 22 décembre 1878 une demande de titre définitif est adressée au Préfet d'Oran. Le 27 février 1879, le Préfet repousse cette demande au motif que le sieur Roehrig n'est pas citoyen français !!!
Les faits révèleront que le sieur Roehrig, alsacien d'origine, a bien opté pour la nationalité française après 1870 et que l'Administration ne retrouve pas les justificatifs. Aussi le sieur Roehrig doit demander malgré tout sa réintégration dans la nationalité française qu'il obtiendra le 23 juin 1879.
Le 10 octobre 1879 un procès-verbal de constatation de l'état des terres attribuées provisoirement au sieur Roehrig est établi.
Il estime la valeur apportée aux différents lots avant attribution définitive.
Lot n°6 :lot à bâtir comprenant une construction composée de 10 pièces, 2 écuries, un four à cuire le pain, le tout en très bonne maçonnerie :16 000 f
Lot n°130 :jardin entièrement défriché, planté de 800 pieds de vigne, 15 arbres fruitiers :500 f
Lot n°39 :ce lot de vigne comporte environ 1 ha 20 a défrichés et plantés de 9 000 pieds de vigne, le reste est encore en broussailles :1 000 f
Lot n°228 :ce lot de culture est entièrement défriché et mis en culture :1 800 f
Total : 19 300 f
Après avoir participé, le 22 novembre 1881, à la capture de l'ex khodja de l'adjoint spécial de Mercier-Lacombe (voir l'article du journal "La démocratie"), Xavier Roehrig et sa famille font l'objet de menaces. Ils sont obligés de tout abandonner et se déplacent vers le département d'Alger en 1883-1884. Ils s'installent provisoirement à Attatba et la famille et ses descendants prospéreront dans cette région.
En 1885, la famille réside à Castiglione.
La trace de Xavier se perd en 1902 et celle de sa femme Caroline en 1914. Elle aurait voulu, semble-t-il, regagner son Alsace natale.
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Article publié dans le journal « La DEMOCRATIE » du mardi 13 décembre 1881.
Mercier-Lacombe, 6 décembre 1881.
A Monsieur le Rédacteur en chef de la Démocratie.
Monsieur le Rédacteur,
J'ai l'honneur de vous exprimer mon grand regret de n'avoir pu vous adresser, le 3 courant, la lettre adressée par les sieurs Ronceau Michel, mon gendre, et Roehrig colons à Mercier-Lacombe concernant la capture du khodja Bou-Katem soupçonné d'être l'auteur de la capture des caïds de Bel-Abbès.
Ayant fait le brouillon, je fus obligé de m'absenter encore pour ensemencer et ces messieurs furent conseillés de s'adresser au journal l'Atlas. Avec confiance je m'adresse à votre vraie franchise et votre amour pour les colons pour vouloir bien insérer dans votre patriotique journal ce que dessous, et bien vouloir me dire aussi si vous me l'adressez quotidiennement dans ce cas, je le réclamerai souvent au facteur de la poste.
Voici les lettres qu'on adressa les 3 courants à M. le Rédacteur de l'Atlas :
Nous avons l'honneur de vous prier de vouloir bien insérer dans votre estimable journal les lettres suivantes qui sont en réponse à la lettre de M. Durand de Bel-Abbès.
Ayant lu sur plusieurs journaux des articles différents concernant la capture de l'ex-khodja de M. l'adjoint spécial de Mercier-Lacombe, M. Gazeau, le nommé Moktar-bou-Katem, saisi entre 10 et 11 heures du soir, le 22 novembre dernier. Ces versions étant diverses et non signées, nous croyons devoir instruire le public des faits réels, tels qu'ils eurent lieu, en reproduisant la lettre que nous crûmes devoir adresser les 24 courants à M le Procureur de la République, parce que là aucune influence n'altère la vérité vis-à-vis de la justice.
Adoucissant notre rôle de simples colons pour être le plus possible favorables aux gendarmes pour leur avancement et bonnes notes, ils ont dénaturé les faits dans leur procès-verbal.
Voici la lettre adressée le 24 novembre à M. le Procureur de la République
Mercier-Lacombe, 24 novembre 1881.
Monsieur le Procureur,
Étant à Bel-Abbès pour recevoir les semences de la commune les 19 et 20 courant, par la clameur publique, étant au Café de la Place, tenu par un sieur Louis, j'entendis parler du sieur Taar-bouktem ex-khodja de M. l'adjoint spécial de Mercier-Lacombe, M. Gazeau ; sans remarquer les personnes qui disaient qu'on laisse la famille tranquille, par une lettre qu'on avait envoyée à Mercier-Lacombe. Étant en société particulière, je ne fis nulle attention à ces paroles; mais le 22, étant à mon travail solitaire, cette conversation me revint à l'esprit, et j'allais en causer à mon voisin Roehrig lui proposant de vouloir avec moi monter une garde le soir, que nous en avions bien monté pendant deux mois pour rien, et que s'il était dans le pays, il devait rentrer la nuit chez lui, et que si nous pouvions le voir, nous rendrions service à la société, à la justice.
Le sieur Roehrig consentit en me disant que, justement, il avait remarqué des empreintes fraîches de chaussures arabes près d'une grotte dans le ravin de son lot de vigne. Alors je lui dis : soyons prudents. Le brigadier ne le connaît pas bien, prévenons-le de notre dessein. Je fus alors trouver le brigadier de gendarmerie et lui communiquai nos intentions. Il me dit : Ronceau, je compte sur vous, ne faisons pas une fausse alerte, tout serait manqué: vous le connaissez à la voix, à la tournure, restez un en embuscade et l'autre viendra me prévenir.
Ayant prévenu la gendarmerie en la personne du brigadier commandant la brigade, nous allâmes nous embusquer, décidés à y passer la nuit, nantis d'une couverte. Vers les 7 heures du soir, nous nous embusquâmes dans un vieux silos près de la maison. Au bout d'une demie-heure, trois-quarts d'heure, nous vimes arriver deux Arabes descendant la montagne, traversant le cimetière arabe contigu aux silos, près la maison Bou-Katem ; ils rentrèrent à la maison l'un en burnous noir, l'autre en burnous blanc, passèrent près de nous en silence. Arrivés à la maison, les enfants se mirent à pleurer et les hommes causèrent en arabe entre eux, pavaissant être nombreux.
Je dis tout bas à Roehrig : écoute la voix du khodja, assure-toi bien si tu la connais bien, car pour moi, c'est lui. Et sur l'assurance qu'il la reconnaissait, je l'envoyais vite prévenir le brigadier, pendant que je veillais seul. Au bout d'un certain temps, les chiens de la maison du khodja me sentirent près la maison vinrent aboyer avec fureur à mon silos. Crainte que quelqu'un sorte pour voir la cause de la colère des chiens, je me sauve vite à la gendarmerie, crainte de manquer le coup. Étant sous la croisée du cabinet du brigadier, je l'entendis dire à Roehrig : je crains de le manquer par une fausse alerte. Alors je rentrais et, à mon invitation, le brigadier et le gendarme Trouvenot n'hésitèrent plus. Thouvenot dit : Ronceau est un vieux soldat, avec lui risquons tout, risque à périr. On alla droit vers la maison du khodja.
Thouvenot et le gendarme indigène Mohamed-bou-Moumen et Roehrig veillèrent le côté de la maison ouest ; le brigadier et moi veillâmes le côté est.
Alors les chiens se mirent à aboyer furieusement. Ne pouvant plus attendre, il fallait attaquer au mot de consigne, moi Ronceau, je criais : Hop ; le brigadier et moi nous entrâmes dans la cour entourée de jujubiers, au même instant, je criais le voilà qui se sauve par-dessus la haie, je courus, le le saisis à bras-le-corps, le gendarme Thouvenot lui asséna deux coups de matraque quand je le tenais debout. Thouvenot le fouilla pendant que je le tenais toujours fortement à bras-le corps. Il s'en empara avec le gendarme indigène et le conduisirent à la gendarmerie. A mi-chemin Thouvenot dit à l'indigène de lui prêter main forte, qu'il le conduirait seul à la gendarmerie où il fut reçu par le gendarme Chabert, qui l'écroua et l'enchaîna solidement. Le brigadier dit: Veillez le dehors je me charge du dedans, Roehrig et moi veillâmes le dehors. Un sieur Nicolas Schweitzer, tailleur de pierre, entendant ma voix hop, un bruit inaccoutumé, vint au secours, disant qu'il n'était pas armé, pendant qu'on ferait une perquisition dans la tente, le gendarme arabe lui donna son revolver, et aussitôt le sieur Nicolas saisit un Arabe en burnous noir. Quelques moments après, les sieurs Ronceau, Roehrig, Nicolas et le gendarme Bou-Moumen donnèrent la main au brigadier à conduire la razzia d'Arabes à la gendarmerie, composée de 8 ou 9 Arabes en partie de la famille Bou-Katem ; ces braves gendarmes ont fait leur devoir et méritent récompense, il y avait danger pour tous.
Daignez agréer, Monsieur le Procureur, l'expression de la vérité, avec les sentiments les plus respectueux de vos serviteurs.
Ont signé : Michel RONCEAU, Xavier ROEHRIG, Nicolas SCHWEITZER
P. S. Monsieur le Procureur,
Avant de mettre la présente à la Poste, nous avons voulu voir le procès-verbal de la gendarmerie que nous déclarons en partie mensonger attendu que c'est nous qui avons requis par trois fois la gendarmerie qui a bien fait son devoir pendant l'action.
Ce que dessus est la pure vérité.
Ont signé le post-scriptum
Michel RONCEAU, Xavier ROEHRIG, Nicolas SCHWEITZER.
Eh bien, Monsieur le brigadier ?
Monsieur le Rédacteur en chef,
Nous avons l'honneur de vous prier, malgré l'étendue indispensable de ces deux lettres, de faire votre possible de les insérer en une, deux ou trois fois dans votre bon journal, moyennant paiement, car il est certain que le procès-verbal de la gendarmerie est presque entièrement faux; ils ne firent nullement de patrouilles autour de la maison du kodja qu'ils croyaient au Maroc, ni ne dressèrent aucune embuscade avant l'action, ils hésitèrent tous à première et deuxième invitation à prêter main-forte à ces deux braves pères de familles dont mon gendre Ronceau, est enfant d'Afrique, tous deux vieuxs soldats d'Afrique au 2èmes zouaves, 7 ans de service. Pourquoi les efface-t-on du mérite de l'arrestation du kodja qui a été cause de la délivrance des caïds; sans eux, ils se seraient enfui, et la justice chercherait longtemps les coupables. Si les gendarmes eussent fait leur rapport loyalement, la lettre à M le Procureur, leur était favorable, mais il faut que chaque administration ait l'honneur du gâteau. Les colons ne sont pas des hommes surtout en commune mixte, ils sont menés à la turque. M. Jacques nous fait espérer.
Daignez agréer, Monsieur le Rédacteur, les sentiments de reconnaissance de votre dévoué.
Joseph LENORMAND.
Eh bien, M. le Brigadier, les faits ci-dessus sont-ils vrais ? Vous voyez que nous avons cherché votre avantage , pensant que la loyauté marchait de pair avec la bravoure. Votre procès-verbal ne le prouve pas.
Est-ce que le 22 novembre, vers les 3 heures de l'après-midi, moi Ronceau, ne vous communiquais-je pas notre dessein de monter la garde autour de la maison du kodja, avec Roehrig mon voisin ? Est-ce vrai ?
Vous me dites que le kodja était loin d'ici, qu'il avait passé au Maroc, vous disant que nous passerions la nuit. Vous me dites : faites, et si vous voyez quelque chose ou lui-même venez me prévenir. Est-ce vrai, M le Brigadier?
Vers les 8 heures, 8 heures 1/2, j'envoyais Roehrig vous prévenir quand vous étiez à table avec M. le Curé au café Peico Soler, que lui dites-vous ? que vous veniez de suite. Un témoin oculaire nous a rapporté qu'après la sortie de Roehrig, le Brigadier en riant de lui, dit: Oui, nous allons le prendre BouKatem, il est bien là, il y a longtemps qu'il est au Maroc.
Votre croyance était telle ; vous n'aviez donc pas ordre de surveiller Bou-Katem.
Pour la deuxième fois, vers 9 Heures 1/2, étant embusqué à table, faisant patrouille devant des verres et bouteilles de bière, en société de Michel Ziebold et Diego que dites-vous à Roehrig qui vous dit : Venez-vous ou venez-vous pas. Est-ce vrai ? Sur cette injonction, vous vous levâtes de table et vous fûtes à la gendarmerie avec lui; là vous hésitiez encore à vous mettre à notre disposition.
En vous attendant dans mon silos, les chiens du kodja m'y découvrirent; crainte que les Arabes vinssent voir la cause, je m'esquivai vite et courus pour la troisième fois vous prier de venir. Roehrig vous disait : Je ne peux laisser mon camarade seul, on peut lui brûler la cervelle. Est-ce vrai, M. le Brigadier ?
Etiez-vous donc payé pour donner le temps au kodja de s'enfuir ? En entendant Roehrig, j'entrais dans votre cabinet, vous assurant que le kodja était là, que nous le connaissions mieux que vous, que si vous ne veniez pas, je prendrais des colons. Alors le gendarme Thouvenot dit : avec Ronceau, marchons, risquons tout, risque à périr, et vous n'hésitâtes plus et vous vîntes avec nous, et les gendarmes Thouvenot et Bou-Moumen, gendarme indigène. Nous convînmes du mot d'attaque : hop ! Arrivés près de la haie entourant la cour, vous envoyâtes Thouvenot, Bou-Moumen et Roehrig à l'ouest de la maison, et je marchais devant vous pour entrer dans la cour, vous me suiviez. En entrant, les chiens aboyèrent, et je criais : hop! enlevons cette boutique; au même instant, je vous criais : le voilà qui se sauve par-dessus la haie. Est-ce vrai M le Brigadier? En vous disant cela, je sortis de la cour en courrant et je saisis le kodja, le tenant fortement saisi à bras-le-corps. Thouvenot arriva et lui asséna deux coups de matraque sur la tête et le fouilla.
Où était votre sabre, M. Thouvenot, à vous et aux autres gendarmes ? Pendu au râtelier à la gendarmerie sans doute. Comment pûtes-vous donner un coup de plat de sabre ? personne n'en avait que dans votre procès-verbal. Est-ce vrai, M. Thouvenot ?
Vous me donnâtes les objets trouvés sur le kodja comme porte-monnaie et papiers, puisque le lendemain matin je trouvais dans ma poche une longue lettre écrite en arabe que je vous remis et dont il n'est nullement fait mention dans vos journaux, pas plus que de la peau de bouc ou guerba que je trouvais encore remplie de papiers quand on faisait la perquisition vers les 8 où 9 heures du lendemain matin. Est-ce vrai, M. le Brigadier?
Allons, là, la main sur la conscience, et devant la justice oserez-vous nier ? Nous sommes, dites-vous, des bavards, des menteurs. Nous ne cherchons pas la gloriole, nous, nous aimons mieux une bonne pluie. Que la justice fasse une enquête, nous avons des témoins, le khodja lui-même nous en servira. Nous vous avons tiré les marrons du feu sans ramper; j'étais devant vous. Roehrig et moi nous nous sommes exposés à laisser nos familles sans soutiens. Laissez-nous au moins goûter aux épluchures de ces bons marrons. Il ne faisait pas chaud dans le silos, pendant que vous étiez à faire votre patrouille à table, dans le café.
Dites-nous donc aussi, Monsieur le brigadier, que sont devenus les papiers saisis? il n'en est question nulle part; les auriez-vous oubliés ils pourraient être utiles à la justice, à la vérité.
Une garde aurait pu être utile aussi dans la tente et la maison, puisqu' on devait attendre au lendemain à faire la perquisition. Les choses précieuses ont pu disparaître pendant la nuit.
Monsieur le Rédacteur, sachant qu'aucune influence ne peut empêcher votre liberté de la presse, comptant sur votre dévouement patriotique daignez agréer d'avance la reconnaissance avec les sentiments les plus respectueux de vos serviteurs,
RONCEAU, ROEHRIG.
Décès : après 1901 à -, ALGERIE
En 1896 il réside à Castiglione avec sa femme et ses deux enfants Alphonse et Joseph.
Le 31/10/1896 il assiste avec sa femme Caroline au mariage de son fils Xavier avec Marie-Anne Doublier.
Le 30/9/1899 il assiste avec sa femme Caroline au mariage de son fils Joseph avec Jeanne Léontine Lévêque.
Serait décédé soit à Castiglione soit à Staouéli en Algérie.
Profession : Journalier, barbier puis cultivateur
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